Billet publié sur Mediapart : Le combat des mères de soldats russes contre le silence des autorités.
Le jeudi 17 avril 2014, lors de sa « Ligne directe » avec les téléspectateurs russes, Vladimir Poutine a reconnu pour la première fois, et de façon assez étonnante, le rôle des soldats russes dans l’annexion de la Crimée. D’après lui les militaires russes ont aidé « de façon concrète, résolue et professionnelle » les forces « d’autodéfense de la Crimée » à la rattacher à la Russie. Depuis cette déclaration inattendue le discours a changé. Selon le Kremlin il n’y aurait « aucun soldat russe le territoire ukrainien. »
Face à cette version officielle, le Comité des mères de soldats en Russie soulève une réalité très différente. L’une des plus anciennes ONGs russes, créée en 1989 pour défendre les droits humains au sein de l’armée, tire la sonnette d’alarme pour dénoncer le manque d’information officielle sur les soldats morts et disparus lors des combats en Ukraine. D’après le Comité des mères de soldats, très actif pendant les guerres en Tchétchénie, environ 15 000 militaires russes auraient été envoyés en Ukraine. Ella Poliakova, présidente du Comité des mères de soldats de Saint-Pétersbourg, parle « d’invasion » pour qualifier ce qui se passe sur le territoire du pays voisin.