« L’autre 68. Leçons du Printemps de Prague » – ma nouvelle publication dans la Revue Esprit. 50 ans après, l’engagement pour les libertés de Vaclav Havel et sa génération doit nous inspirer le courage de défendre, à notre tour, la démocratie européenne.
Après plusieurs rencontres passionnantes avec des militants pour les droits humains en Europe centrale et orientale, je propose de voir quelles leçons de cet « autre mai 1968 » et des réflexions de Václav Havel pouvons-nous utiliser pour répondre aux enjeux européens aujourd’hui.
En 1968, à Prague, on aspirait à desserrer l’emprise du Parti-État. On ne considérait pas les élections comme un « piège à cons » ni les « libertés formelles » comme « bourgeoises ».
C’est le basculement de l’histoire qui imposera, à Havel comme à toute sa génération, l’exercice de la responsabilité, l’obligation morale de sortir de soi-même pour se laisser emporter par l’événement et ce qu’il requiert d’engagement de notre part.
1968, 1977, 1989. Vingt années à hâter l’écroulement du communisme. Vingt années à proclamer combien les libertés d’expression ou d’association, le droit à la vie privée, la dignité ; vingt années à dire combien ces libertés précieuses n’ont rien ni de décadent ni de bourgeois.
Trente ans après, une nouvelle vague autoritaire menace l’Europe et le monde, nous rappelant – très – brutalement combien, décidément, la démocratie, les modestes libertés précieuses qui vont avec, n’ont rien de forcément éternel.
Ces libertés sont aujourd’hui menacées par « l’agression du passé le plus sombre contre un avenir honorable », selon l’expression de Havel. Les forces qui considèrent que les droits et les libertés de chacun et de tous valent moins que la force brute reviennent au premier plan.
Les droits qu’elles veulent balayer constituent notre dignité, la condition de notre liberté, le moyen par lequel il peut y avoir politique ou diplomatie, plutôt que guerre, entre les hommes. Les libertés ne sont pas tièdes, fades, molles. Elles valent qu’on se batte pour elles.
Des milliers de personnes se mobilisent en remplissant les places de Varsovie, Budapest, Bratislava et Bucarest, pour dénoncer les réductions de leurs droits et montrer aux nouveaux autoritaires qu’ils ne sont pas prêts à se résigner.
À notre tour, saurons-nous nous être à la hauteur, puisque « chacun est co-responsable de la situation générale » ? Quelles leçons du Printemps de Prague pour l’Europe d’aujourd’hui ?
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